Après le casse du siècle, la direction du Louvre s’était planquée derrière le « petit personnel », affirmant crânement « faire front commun avec ses équipes », défendant becs et ongles ses gardiens, nullement sur la sellette, n’ayant pas failli, eux, mais ayant fait au mieux avec le peu de moyens laissés par la gabegie somptuaire ! Quelques planchers branlants plus loin, l’inondation de la bibliothèque des Antiquités égyptiennes est la goutte d’eau sale en trop : 400 livres rares, outils de travail essentiels, détériorés alors que le département demande depuis des années des crédits pour sécuriser ! On mesure l’irritation du personnel du Louvre qui appele à une « grève reconductible » à partir du lundi 15 décembre 2025 : il subit au quotidien des conditions de travail dégradées, tout en alertant depuis des lustres sur les catastrophes en cours ou pendantes… Et voilà que les cheffes ne savant pas cheffer l’ instrumentalisent en paravent, d’où la dénonciation des « éléments de langage distillés à la représentation nationale ainsi qu’aux médias par la direction du Louvre »
En 2025, c’est aussi la parole des peintres qui s’est libérée, y compris dans les colonnes du Monde. Désormais, c’est presque chic de rappeler, comme Raphaël Barontini, l’ostracisme anti-peinture lorsqu’il était aux beaux-Arts en 2009 (1). Avouer, tel Nathan Bertet, à propos de l’Art contemporain, « n’y rien trouver qui le nourrisse…. » (minimalistes exceptés) était impensable 5 ans plus tôt (2). Quant à Bilal Hamdad qui « ne cherche en rien à masquer (son) rapport à l’histoire de la peinture, mais il le revendique, autant dans ses propos que dans ses œuvres », cela eût valu l’étiquette de « pompérisme sociétal », fort tendance aujourd’hui (3).
Au Centre Pompidou-Metz, le 2 février s’achèvera une exposition sur les artistes à l’épreuve de la copie : « le même projet, dans les années 70, aurait été rejeté au nom de principes nommés modernité, rupture et révolution (…) toute référence ancienne était perçue comme une trahison d’un idéal de pureté et de logique ». Non seulement l’expo a du succès mais les commentateurs recommencent à regarder et percevoir des différences de qualité : « il est bien plus aisé de rater un tableau que de le réussir et très dangereux d’affronter des chefs-d’œuvre… (car) il faut que la copie renouvelle la compréhension de l’œuvre ancienne en lui conférant un sens pour aujourd’hui »(4).
Une langue qui ne se délie toujours pas, mais fourche allégrement, c’est celle des arguties juridiques qui a légitimé la commande des vitraux de Notre-Dame… en confondant restauration et remplacement, un comble (5)! Cette commande porte sur la Pentecôte et la descente de « langues de feu » sur les apôtres. La com du Grand Palais qui présente les maquettes via l’exposition « D’un seul souffle » met en avant la plastique de la jolie peintre, Claire Tabouret, plus que son travail. Il est amusant de compter les occurrences dans le dossier de presse : nombre d’allusions à Dieu = zéro : à Jésus = 1, au Christ = 3, à l’Eglise= 2, et à Claire Tabouret = 142 fois ! Sainte Tabouret, priez pour nous !
Pour finir l’année en beauté, vous pouvez lire un polar dont l’enjeu est la fragile beauté vénitienne (« Veniceland » d’O. Dufour) et bien sûr placer sous le sapin « Anatomie de la beauté » et « Géographie de la beauté », tous disponibles en permanence à la librairie Boleine, 41 rue de Bourgogne à Paris, cet éditeur ayant entamé une collection sur le thème de la beauté !
Passez de bonnes fêtes de Noël !
Christine Sourgins
- Le 21/03/25, p.21
- Le 10/01/25, p.22
- Le 28/10/25, p.18
- Le 19/06/25, p.22
- Le Tribunal administratif de Paris a rejeté la requête de l’association Sites & Monuments et d’un particulier donateur ; il s’ est prononcé pour Tabouret mais la presse ne cite pas les attendus orwelliens qui motivent le jugement…