Pollution et Art contemporain

25 septembre 2018

A Bruges, à l’occasion de la Triennale 2018, le cabinet d’architectes New-Yorkais Studiokca a réalisé une baleine de 5 tonnes pour sensibiliser le public à une noble cause, celle de l’environnement : nos déchets plastiques sont en train d’asphyxier les mers. Jusques là tout va bien mais le résultat, une baleine géante en plein quartier historique, tout près de la statue de Van Eyck, transforme Bruges en annexe de Disneyland, ou pire, en pseudo Marineland, alors que ces derniers sont dénoncés par les défenseurs des animaux. Fallait-il ériger, à cet endroit, une baleine constituée de déchets plastiques retrouvés dans les mers ? Autrement dit, pour dénoncer la pollution des mers, faut-il polluer visuellement le patrimoine qui n’y est strictement pour rien ?

Vous me direz, « c’est pour la bonne cause »,  mais remarquez que les mêmes procédés sont utilisés par l’AC : pratiquer ce qu’on dénonce… Et ceci devrait nous mettre la puce à l’oreille. L’écologie doit être cohérente ou elle n’est pas : on ne peut dénoncer une pollution par une autre… à moins d’être le faux-nez d’intérêts pas vraiment écologistes. Pour comprendre ce qui se cache derrière ce cétacé, il faut avoir en mémoire les révélations de Cash Investigation…le magazine de France 2 du 11 septembre dernier : « Plastique, la grande intox ». Ce reportage a mis en lumière que de respectables associations mobilisant de généreux bénévoles, donnant temps et énergie, sont en fait financées… par les industriels du plastique et ceux qui utilisent cannettes et récipients en cette matière. Les journalistes ont remonté au siècle dernier et aux usa pour trouver l’origine de cette pratique. N’allez pas croire à un remord ou à une conversion sur le tard : ces lobbys industriels tentent ainsi de détourner l’attention du public de leurs activités lucratives et dévastatrices, afin de faire porter la responsabilité de la catastrophe écologique au seul consommateur.

Or notre baleine brugeoise, comme n’importe quel objet d’AC, est porteuse d’un discours… accusateur : les fautifs seraient les utilisateurs des « sacs, bouteilles d’eau, produits ménagers, gobelets »… Autrement dit, la pétrochimie ne fait que produire des objets vertueux qui peuvent même accéder à la dignité d’œuvre d’art, ils sont simplement mal utilisés par un public de sagouins. Les charmants jeunes gens qui composent Studioka, ce tandem d’artistes/architectes, sont-ils liés à un circuit semblable à ceux mis en lumière par France 2 ? En quelques clics les liens apparaissent. Leur projet Vortex cliquez est réalisé au bénéfice de Green up Vermont une association écologiste mécènée par cliquer entre autres, l’american Chimestry council, bref l’industrie chimique américaine !

Sinon, les affaires reprennent. Un rapport de la Cour des comptes, révélé par Le Canard enchaîné, impute à Jean-Paul Cluzel, patron du Grand Palais de janvier 2011 à janvier 2016, des notes de taxis excessives et la location d’une «limousine» pour plus de 410.000 euros en cinq ans. Il est vrai qu’Agnès Saal, mise en cause pour des faits similaires, vient d’être réintégrée haut fonctionnaire « à l’égalité, à la diversité et à la prévention des discriminations », auprès du secrétaire général du ministère de la Culture.

Et pendant ce temps, faute de moyens, le patrimoine agonise comme la mythique Grande Chaumière menacée par une opération immobilière avec  mise en vente aux enchères le 16 octobre prochain. Gauguin, Bourdelle, Léger, Foujita… Garouste ou Zao Wou-Ki y ont travaillé et on y vient encore du bout du monde. Vous pouvez signer la pétition cliquez

Christine Sourgins