D’art en larve ?

11 octobre 2022

Pandémie, pénurie, bruits de bottes, l’art officiel s’adapte : la biennale de Lyon se place, titre Le Monde, « sous le signe de la fragilité » pour raconter « une civilisation en crise ». Ah, enfin des artistes d’AC  conscients du monde dans lequel ils vivent ? Un des commissaires, l’assure : beaucoup « évoquent ici des histoires liées aux faillites du capitalisme ». Le logo de  cette biennale timbre la couverture du dossier de presse de Lundy Grandpré, un duo d’artistes en résidence au CAP de St-Fons, en 2022.  Leur projet « Année 2345 », « une année pour démolir les normes » , « prend racine dans le jardin de plantes médicinales du Centre d’art » et oscille entre, je cite, « Ecosexualité, écoféminisme et botanique jubilatoire ». Le Samedi 15 Octobre iels (sic) nous donne rendez-vous pour sa/leur grande performance de l’année, un temps fort  intitulé « Devenir Larve » . Un extrait du dossier de presse  donne un aperçu de l’état d’esprit « sympa » qui règne sur cet idéal de fragilité : la larve . Car une larve d’AC vous morigène ainsi :

« Si vous ne supportez pas le contact gluant de la larve avec votre propre chair,

c’est que vous n’êtes pas prêt·es pour l’indétermination, préparez-vous à recevoir

la force de l’indécis comme un coup de poing en pleine gueule et à sentir les

frissons de l’excitation la plus pure vous envahir de toute part.

Laissez-vous tenter par la joie du gluant, du mou et du flasque.

Le plaisir et la jouissance du doute.

L’enfer enivrant de votre propre impuissance.

Restez aux aguets, tout arrive. »

Notez que le dossier de presse n’oublie pas d’indiquer qu’un « apéro convivial »  suivra. Au delà du « jardin post-apocalyptique du passé » ou les artistes invitent « les voisins, les voisines, leurs amiz non genrées et leurs soeurs chiennes ou larves à entrer »sic, le plus troublant sont les images du dossier de presse où les photos de iels entièrement nu(e)s voisinent avec des images d’enfants sous titrées «  Petit manuel indocile d’introduction à l’écosexualité », performance où, je cite, «Lundy Grandpré baise avec les plantes et partagent des tisanes avec les visiteur·euses ».  Seuls les réacs fronceront le sourcil ( plus d’info en suivant ce lien https://lecap-saintfons.com/in-excursion/annee-2345/ ensuite téléchargez le dossier de presse en bas de page).

Notre monde est secoué par des réalités climatiques, l’épuisement de ressources naturelles, le bellicisme d’Est, d’Asie et d’ailleurs mais nos institutions veillent et promotionnent  « l’indétermination », « l’indécis ». Cette société qui bichonne sa jeunesse, ses forces vives, à « l’éco-sexualité » où l’on patauge dans  » la joie du gluant, du mou et du flasque », a-t-elle une chance de survivre et d’atteindre 2345 ?

Christine Sourgins