La Culture enfin à flots ?

26 février 2019

La vie d’une œuvre d’art peut être courte sur les yachts des grands collectionneurs d’Art contemporain. Lors d’une croisière, une oeuvre de Basquiat  fut arrosée de céréales. Même pas pour un happening : les coupables seraient les turbulents gamins du propriétaire, secondés par l’équipage qui, voulant réparer les bêtises, auraient effacé une partie du tableau. Une œuvre acquise seulement en 2017 et donc 110 millions partis à l’eau ! Bref, la dure condition de milliardaire, entre sales gosses de riches et incompétence du personnel. C’est une habitude bien ancrée chez les nouveaux riches d’entasser des œuvres d’art sur leurs palais flottants. Histoire d’épater la galerie et leurs invités. Mais qui dit contexte marin, dit embruns salés, tangage et roulis plus risques de naufrage. Les amateurs d’AC en frémissent, les assureurs tremblent : des musées flottants ? Quoi de pire comme conditions de conservation !

Notre Marianne serait-elle plus sage ? En octobre dernier le musée Jean Cocteau, récemment construit à Menton, fut inondé  lors de la tempête Adrian. Là encore, stupeur, étonnement  général : on découvre que Menton est au bord de la mer et que la mer ça mouille même les papiers d’un poète cliquer.  L’architecture volontairement basse, pour  ne pas empiéter sur le panorama de la ville, rend le musée vulnérable à la prochaine intempérie. Est-ce qu’on ne pouvait pas y réfléchir un peu avant ?

Notre ministre Franck Riester a-t-il, lui, remis la Culture à flots dans le Grand débat en cours et qui, jusqu’ici, l’oubliait allégrement ? Il vient de créer un plateforme https://granddebatculture.fr pour que les internautes puissent déposer leurs idées. Mais tout parait cadré par trois grands enjeux nationaux ( la culture pour tous, l’éducation artistique et culturelle,  le patrimoine). Cette thématique laisse de côté les sujets qui fâchent, ceux qu’évoque la pétition cliquer de Rémy Aron, l‘ex président de la Maison des artistes (une transparence réelle dans les décisions d’achats, dans  les critères d’attribution des subventions, le respect de la diversité des artistes et la fin de l’ostracisme qui frappe peintres et sculpteurs etc). Ceux qui sont parisiens pourront en débattre directement à l’Ecole nationale des Beaux-Arts, le 5 mars de 18h30 à 22 h et/ou le 10 mars au Centquatre de 16 heures à 20 heures (organisateurs : le magazine Beaux-Arts et la Fondation du patrimoine qui seront rapporteurs des séances). Plus il y aura de témoins, moins le trucage des débats sera possible, ou alors il sera détecté et divulgué…. Le rapport contiendra « notamment les dix propositions les plus débattues et les 10 propositions les plus soutenues » : y aura-t-il parmi elles les doléances des artistes ostracisés par 40 ans de politique culturelle ? Sinon, une certaine idée de la Culture se noiera dans le Grand débat.

Christine Sourgins