« Le 18 Janvier prochain se tient au Pavillon d’Art Contemporain de Milan une visite guidée nudiste conduite par l’artiste Stuart Ringholt. La performance participative se déroule dans le cadre de l’exposition « Australie, Histoire des Antipodes », plus grande rétrospective de l’art australien hors du continent océanien ».
Ainsi débute le communiqué de Julia Rajacic, la curatrice indépendante (de quoi, de qui ? certainement pas de l’idéologie de l’AC ). L’Australie brûle, les incendies rasent les forêts, font la peau de milliers de Koalas et autres espèces endémiques mais ces messieurs dames de l’AC (vous savez, cet art qui prend en charge les grands problèmes de l’époque, qui est là « pour nous ouvrir les yeux » etc.) n’ont rien trouvé de mieux que de mettre tout le monde à poil. Sans même arguer qu’il s’agirait de sensibiliser à l’intense chaleur australe : balance ton pore !
La commissaire, spécialiste « du genre et de l’art queer », « aimerait partager cette expérience insolite auprès d’un lecteur sensible à l’actualité de l’art contemporain ». « La visite guidée par l’artiste sera suivie d’un cocktail, où tous les participants (l’artiste y compris) sont invités à rester dans leur plus simple appareil » : on ne saura pas si, toute imprégnée du sujet, la commissaire travaille en tenue d’Eve.
Le magazine Artension (1) ayant reçu cette prose, Françoise Monnin, notre rédac chef, la relaya avec malice auprès de ses collaborateurs. Or, en pleine épidémie de grippe, Julia restait floue sur les « modalités juridiques et financières d’une future collaboration », même pas une prime de risque car le but était de transformer la presse en… recruteur de pigeons. Dévêtu, le naturiste branché tient à garder sa couverture médiatique : « Le reportage se présentera sous l’angle d’un retour d’expérience sensorielle. Il explorera la manière dont la nudité influence la perception artistique au sein d’une manifestation collective, et sera enrichi de réactions de l’artiste, ainsi que de témoignages participants. Il sera également l’occasion de reformuler le rapport entre art et nudité, et de se questionner sur la normalité comme convention sociale ». Frileuse de constitution, je n’aime guère les courants d’air mais j’apprécie encore moins qu’on me dicte mes écris. D’autant que la commissaire fliquait : « Le reportage sera livré dans la nuit du samedi 18 au dimanche 19 janvier 2020, à 2 heures au plus tard ». Artension, un bimensuel ( !), ne s’est pas précipité sur l’invitation, libre au lecteur de nous remplacer !
Sans surprise, Stuart Ringholt, artiste australien vivant à Melbourne , « s’intéresse aux confins de la normalité. Il provoque, à travers ses performances, vidéos et sculptures, des situations absurdes provoquant des réactions d’une dimension à la fois personnelle et sociale telles que la peur ou la honte ». Déjà grâce à lui Canberra en 2015 avait été le théâtre de cette « expérience libératrice » sic. En mai 2018 à Paris, 200 naturistes visitèrent le Palais de Tokyo, nus comme des vers : jusqu’où ira l’AC pour » enlever toute barrière entre les œuvres d’art et les visiteurs » ? Il est vrai que l’AC, et le contribuable en sait quelque chose, a toujours su plumer les pigeons.
Bonne année 2020 !
Christine Sourgins
(1) Tous les deux mois : un Grain de Sel inédit dans Artension !