Le président de la République a décidé de remplacer par des créations contemporaines, choisies sur concours, les vitraux de six chapelles sur les sept du bas-côté sud de Notre-Dame.
Comment justifier d’enlever des vitraux qui ont survécu à la catastrophe et sont classés monument historique au même titre que l’ensemble du monument ? Notre-Dame est une cathédrale double : gothique, certes, mais aussi romantique car Viollet-le-Duc, au XIXème, a réalisé une véritable recréation du monument dans sa globalité. Il y aura donc détérioration d’un tout cohérent et infraction au code du patrimoine et même à la charte, internationale, de Venise : on doit restituer le dernier état connu d’un monument détérioré, ce qu’on a commencé à faire avant de tout torpiller !
La ruse du « en même temps »
« Puisqu’on a reconstruit la flèche à l’identique, on peut se permettre un ajout moderne » ? Le « en même temps » a ses limites et va mécontenter tout le monde à commencer par les milliers de donateurs, étrangers compris, qui souhaitaient la restaurer dans son état historique et seront donc trahis.
L’astuce est que les verrières menacées sont purement décoratives or justement cette grisaille a un rôle architectural, elle permet une hiérarchisation des espaces et unifie l’ensemble par la lumière. Faut être bien ingénu pour se dire « Ah, c’est décoratif donc « on va faire mieux » ! Souvenez-vous de la première allocation télévisée de M. Macron qui voulait reconstruire Notre-Dame « en mieux » ! Pour désamorcer les contestations, celui-ci a promis que ces vitraux seraient exposés dans un musée voisin : c’est pire parce qu’absurde et ce faisant très rusé. Absurde car ces verrières n’ont d’intérêt qu’in situ, c’est un élément d’architecture qui n’a aucun sens en dehors d’elle, évidemment. Ensuite c’est rusé car des vitraux géométriques exposés détachés de leur contexte sembleront fades et donc on dira : « le président a eu raison de les remplacer ! ». Donc les vitraux de Viollet-le-Duc, je vous le prédis, finiront en caisse, inutiles.
Gabegie financière
Au moment où la dette publique explose comme jamais, comment justifier cette gabegie financière de plus ? Il était logique de garder ces vitraux et le ministère de la Culture avait été très clair avant de se renier : on a donc payé leur nettoyage et leur consolidation pour rien. Et on va financer en plus un concours et des créations nouvelles qui, forcément, vont jouer la rupture ou jurer avec l’ancien de facto, car pour s’harmoniser avec Viollet-le-Duc, quoi de mieux que Viollet-le- Duc ? A l’heure où on parle d’économie de guerre, n’y a-t-il pas autre chose à financer que de remplacer l’existant qui marche très bien ?
Que faire ? Je vous invite à signer la pétition lancée par La Tribune de l’Art, (cliquer sur ce lien) dont le premier signataire est l’association Sites & Monuments, c’est dire !
Ch. Sourgins