Pas de retraite pour l’Art contemporain et ses cadors !

13 février 2023

Encore un problème d’emploi senior au cœur de la culture ! Cette fois à l’IMA, Institut de monde arabe, une fondation française de droit privé, née par initiative gouvernementale. Le secteur culturel multiplie sans vergogne ces montages, où des organismes, privés en théorie, sont quand même publics, mangeant à tous les râteliers, subventions et mécénats. Ici, il n’y a pas, comme à Versailles, de limite d’âge ou de mandat, Jack Lang, 83 ans, peut donc « s’accrocher » à son poste de directeur : « quand je suis quelque part, j’y suis pour l’éternité »sic. De fait, son ombre hante tous ses successeurs au Ministère de la Culture.

La guerre des anciens

Son rival, J-Y Le Drian, est un ex ministre des affaires étrangères or le quai d’Orsay, comme par hasard, est un des plus gros contributeurs au budget de l’IMA. Le sémillant Jack a pour lui d’avoir redressé l’IMA grâce à son carnet d’adresses et son conseiller Claude Mollard, 81 ans. Lang et Mollard ont joué un rôle majeur dans l’établissement de l’hégémonie de l’AC en France. L’AC, né vers 1917, est toujours contemporain, ses servants ont le don d’ubiquité et d’omniprésence. D’où l’impressionnant CV de C. Mollard :  participation à la création de Beaubourg, de la délégation aux arts plastiques, des CNAP, FNAC, et autres FRAC, de la cathédrale d’Evry, actif à Oradour ou Emmaüs…Cerise sur le gâteau, il se veut même « plasticien » : de quoi faire pâlir des multicartes comme Michel-Ange et autre Vinci ! On ne s’étonnera pas que l’IMA pétille d’initiatives jusqu’à multiplier les forums sur les questions féministes et LGBT+…de quoi froisser les autocrates de certains pays arabes qui sont aussi contributeurs financiers (?).  Un terrain où Le Drian, plus diplomate, est peut-être moins engagé, préférant un IMA avant tout outil d’influence géopolitique (?). E. Macron arbitrera.

Le Louvre proie des hyper-modernes

Le Louvre, lui, a arbitré en faveur de l’AC puisque « l’enjeu n’est plus la présence de l’art contemporain au Louvre, mais le Louvre comme lieu d’art contemporain » dixit un porte-parole du musée. D’où la proposition faites à 20 jeunes créateurs de proposer leur regard sur le Louvre, grâce à 20 vidéos de 3 minutes, pour un budget de 5000 euros chacun. Ainsi Yvan Argote a emmené un chaman colombien, de nuit, parmi les antiquités du Proche Orient…. L’homme déclara avoir ressenti de la « tristesse » : serait-ce un jugement sur une morne muséographie ? Faut-il appeler l’IMA et ses grands sachems Lang et Mollard pour réveiller l’archéologie ? Les « regards sur le Louvre », visibles sur le compte Instagram du musée, sont variés mais n’oublient par le transgressif incritiquable, vu le sujet et /ou l’identité de l’artiste, un genre cher à l’AC. Ainsi Miles Greenberg a « confronté durant cinq heures son corps noir à la blancheur de la cour Marly, la peau (réellement) perforée de flèches comme un saint Sébastien » sic. Pour mieux comprendre cliquer. Comment le Louvre a-t-il choisi ses regardeurs ? Ivan Argote y avait déjà travaillé dans une vidéo de 2012 où on le voit déposer un nez de granit rose aux pieds d’un sphinx antique ayant perdu le sien. Ce gag semble avoir plaidé en sa faveur. L’âge des 20 participants est frappant : moins de 40 ans. L’AC, où il y a beaucoup d’appelés et peu d’élus, consomme beaucoup de jeunes, ses quelques cadors indéboulonnables sont les arbres qui cachent la forêt.  Mme Rima Abdul-Malak va-telle concocter un plan pour l’emploi des ex-jeunes-prometteurs de l’AC devenus séniors délaissés ?

Christine Sourgins